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Madagascar : les 2 milliards de dollars du doute

Madagascar : les 2 milliards de dollars du doute Version imprimable
29-05-2009

Le nouveau régime a annoncé en grande pompe la venue d’investisseurs saoudiens munis de deux milliards de dollars, mais n’a suscité qu’interrogations.

Le Premier ministre de Madagascar, Monja Roindefo, a signé le 6 mai dernier une convention de coopération économique et financière à Antananarivo avec le groupe saoudien Invest Union Group, dirigé par le cheik Nasser Abdullah Al Mushaigheh. Le groupe saoudien a annoncé avoir l’intention d’investir deux milliards de dollars dans les télécommunications, l’énergie et le commerce international.

La Haute autorité de transition (HAT), dirigée par Andry Rajoelina, qui a pris le pouvoir à Madagascar en mars 2009, a donné beaucoup d’éclat à la visite des investisseurs saoudiens. Cela n’a pas réussi à faire taire les nombreuses interrogations sur ce « véritable don du ciel ». Madagascar est suspendu de l’Union africaine, qui n’y tiendra finalement pas son prochain sommet de chefs d’Etat et de gouvernement. Le nouveau régime n’est reconnu par aucun gouvernement. La signature de cette convention serait ainsi une grande victoire pour le nouveau régime.

Assez pour que beaucoup pensent à une manipulation, une mise en scène. Le groupe n’est pas très connu. Le représentant du Fonds monétaire international dans l’île, Pierre van den Boogaerd, interrogé à son sujet, avoue : « Personnellement, je ne les connais pas. »

L’on s’étonne aussi d’une délégation saoudienne de trois personnes seulement, voyageant par vol régulier de Kenya Airways, sans garde du corps.

Inconnus au bataillon, les investisseurs saoudiens rompent également la tradition saoudienne de coopération. En la matière, l’Arabie saoudite privilégie plutôt les pays à majorité musulmane. Ceux-ci ne représentent que 10% de la population d’un pays qui s’est déclaré officiellement en avril 2007 pays chrétien, et dont le chef d’Etat déchu, Marc Ravalomanana, est aussi vice-président de l’Eglise protestante FKJM.

A moins que l’Arabie saoudite ne veuille se venger de l’ancien président pour cette décision controversée. L’on notera, à cet effet, que le communiqué de soutien au président déchu attribué à la communauté musulmane, a été démenti par elle.

Autre hypothèse tout aussi tirée par les cheveux, l’Arabie saoudite voudrait arracher Madagascar à l’influence de la Libye. Ravalomanana était en effet assez lié au guide libyen à qui il a rendu plusieurs visites.

En attendant que les intentions réelles, et surtout les actes, permettent de se faire une religion sur ces investisseurs saoudiens, l’effet attendu n’a pas été atteint. L’isolement diplomatique du nouveau régime demeure.

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